En tant que salarié, je ne souhaite bien sûr pas perdre en niveau et qualité de vie, et je ne suis pas fâché d’avoir plus de « temps libre » que les générations précédentes n’en ont eu !
Mais quel est le sens d’une bataille pour préserver coûte que coûte des acquis qui ne se justifient plus dans certains cas (prime de pénibilité pour un poste rendu insonorisé ou climatisé ou mécaniquement assisté…) ou que la société n’est plus en mesure d’offrir (retraite après 38 ans de cotisations avec une population à 50 % « inactive » si l’on compte les - de 20 ans et les + de 60 ans, du fait de l’allongement de la durée de vie)...
Dans un certain nombre de cas , la négociation d’un avantage acquis ne cache-t-elle pas une injustice sociale, du fait que cet avantage (qui trouvait sa justification à une époque) ne concerne qu’une minorité au sein d’une population d’actifs aujourd’hui plus homogène en termes d’exigences ou de pénibilité ?
Bien évidemment, idéalement, l’ajustement « par le haut » est souhaitable.
Mais est-il toujours possible ? Est-ce que la préservation des avantages acquis au niveau d’une corporation est « un absolu » ? Probablement pas pour trois raisons :
-L’intérêt collectif de la société actuelle et future peut être contradictoire avec ces choix issus du passé.
-Nous sommes (encore et pour un certain temps ?) dans une économie mondiale et autorisant la libre concurrence, ce qui rend les entreprises productrices de biens ou de services dans l’obligation de rester relativement compétitives.
- Qu’est-ce qu’un avantage acquis qui ne serait ou ne pourrait pas être partagé si ce n’est un privilège ?
Pour les services publics, la question peut être différente puisque l’Etat à l’obligation de les assurer et doit mettre les moyens adéquats en regard des besoins. Il s’agit donc là plus d’une question de dimensionnement du budget de l’état (donc des impôts prélevés sur les flux économiques essentiellement privés) et de la répartition de ce budget entre toutes les fonctions publiques.
A supposer par exemple qu’une fonction publique fasse l’objet d’une difficulté conjoncturelle de recrutement, il paraîtrait bien normal que l’état essaye de rendre plus attractif la fonction par des « avantages spécifiques » justifiés et bien choisis.
A titre d’exemple, s’il est difficile de recruter des infirmières et médecins en hôpitaux publics, il faut réévaluer d’une façon ou d’une autre ces postes par rapport aux conditions offertes dans les structures privées.
Mais de façon générale, dans tous les cas de négociation entre employeur et employés, n’est-il pas plus équitable de se battre avant tout pour une meilleure répartition des masses salariales ou des richesses, que pour la préservation à tous prix d’avantages corporatistes non généralisables ?
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