Il fut un temps ou l'autoroute était considéré comme un outil de développement structurel de notre pays: L'état investissait pour assurer le désenclavement des régions et pour améliorer la sécurité des usagers de la route.
Aujourd'hui, l'autoroute, majoritairement aux mains de Vinci et d'Eiffage, est une des plus belles poules aux œufs d'or de la finance, à nos dépends bien sûr.
Un excellent article de Marianne (n° du 29 octobre 2011) nous le démontre:
Depuis 2005 (année de leur privatisation sous l'impulsion des gouvernements successifs Jospin puis Villepin), les tarifs ont progressé en moyenne de plus de 16 %, bien plus rapidement que ne le justifierai l'inflation.
Sur certains tronçons "incontournables pour les usagers, ils ont progressé parfois de plus de 20 %.
Ne serions nous pas en train de nous rapprocher d'une situation de racket ?
Les sociétés propriétaires des réseaux dispensent chaque année environ 16 % du chiffre d'affaire à leurs actionnaires privés. Par ces temps de crises, les rendements financiers à 2 chiffres ne courent pas les rues !
Si l'état était resté propriétaire, n'apprécierions nous pas aujourd'hui quelques milliards supplémentaires de rentrées fiscales annuelles ?
En parallèle , les effectifs consacrés à l'exploitation, l'entretien et à la sécurité ont fondu de 14 %, et les bénéfices ont progressé de 65 % .
L'état français et nos parlementaires ont laissé faire voire encouragé Vinci et Eiffage dans leur gestion purement financière du réseau:
Lors de la privatisation à bas prix (le réseau fut cédé pour moins de 15 milliards d'euros alors que les acquéreurs étaient près à sortir plus de 22 milliards pour cette opération ), les patrons de Vinci et d'Eiffage furent grassement récompensés par leurs actionnaires: Antoine Zacharias PDG de Vinci reçut par exemple un bonus de 8 millions d'euros pour avoir conclu cette opération si prometteuse de juteux dividendes.
En 2009, le Grenelle de l'environnement débouchait sur une prolongation d'un an des concessions en contrepartie d'un effort d'un milliard d'euro à consacrer à l'environnement.
Dans les faits, 80% des "efforts" ont consisté à remplacer les guichetiers par des automates afin de réduire l'émission de CO2 aux péages.
Bien évidemment, cette automatisation amortie en moins d'un an est surtout un investissement financier, auquel a du contribuer l'état (donc nous-mêmes) sous forme d'aides aux départs en préretraites !
Dans le même temps, les français ont vu monter inlassablement le chômage... les tarifs des péages...les bouchons (sans aucune remise sur le prix du ticket pour service non rendu ) et bientôt... les taux d'accidents sur le réseau ?
La cerise sur le gâteau réside, encore une fois, dans l'art qu'ont les grands groupes largement bénéficiaires de contourner l'impôt sur les sociétés:( Parlons niches...)
Par le jeu des exonérations fiscales liées aux acquisitions et à l'endettement, on apprend que ces sociétés privées florissantes ne payent que peu voire certaines années, pas un euro d'impôt !...
Un scandale de plus ? Avec la complicité de nos parlementaires ? des gouvernements ? C'est parce que nous le voulons bien !...
A nous citoyens de nous intéresser de plus près aux affaires de notre pays (et un peu moins à la rubrique people ?) , d'être plus exigeants vis à vis des candidats aux mandats exécutifs et parlementaires. Les politiques peu scrupuleux et les financiers rapaces auraient ainsi moins le champ libre pour conduire de telles politiques à l'opposé de l'intérêt de la collectivité.
En ce qui concerne notre réseau routier rapide, pourquoi nos élus régionaux et nationaux ne travaillent-ils pas au développement des voies express gratuites, quasiment aussi sûres et efficaces pour le désengorgement des agglomérations, bien moins coûteuses à la construction et plus écologiques de surcroît ?
Dans quels intérêts sordides certaines de ces voies express sont-elles aujourd'hui en passe d'être converties en autoroutes privées payantes ?
Est-ce bien là notre intérêt ?
MAIS QUE PUIS-JE FAIRE, moi, simple citoyen ?